7. La formation continue dans les " domaines sensibles " des relations directes avec les citoyens : la famille, les mineurs et les autres sujets " faibles " (comparaison entre France et Italie).

Aux domaines du droit de la famille, de la protection des mineurs et des sujets " faibles ", soit l'ENM française soit le CSM italien consacrent plusieurs formations par an avec la participation de spécialistes du secteur, tels que psychologues, sociologues, opérateurs des services sociaux, médiateurs, etc. En Italie l'organisation de ces cours est parfois confiée aux magistrats concernés, qui la gèrent (ou la cogèrent) par le biais de l'association nationale des magistrats de la famille et des mineurs.

Une attention tout à fait particulière est consacrée aux rapports (pas toujours faciles) entre juges de la famille (Tribunaux ordinaires, compétents en matière de séparation de corps et divorce) et juges des mineurs (Tribunaux pour les mineurs, compétent en matière d'adoption et de mesure touchant à l'exercice de l'autorité parentale), ainsi qu'aux rapports (pas toujours facile, eux non plus) entre magistrats et services sociaux. Dans ce dernier domaine les rencontrent servent aussi à l'échange des expériences ainsi que des informations sur les " protocoles d'entente " élaborés à niveau local afin de définir les termes de la coopération entre juges et services sociaux. Aussi les relations entre la justice et les sciences psychologiques et psychiatrique deviennent de plus en plus importantes (à signaler à cet égard la formation française sur le thème " Justice et psychiatrie ").

Une attention tout à fait particulière est consacrée aux droits et aux moyens de protection civile et pénale des mineurs et des autres sujets " faibles " (personnes handicapées, malades, toxicomanes, marginaux, " divers "), aux sein des familles ainsi qu'à leur extérieur. Ce qui différencie encore en ce domaine les deux systèmes de formation dont je parle ici, c'est la quantité des activités de formation : une quinzaine par an en France (44), contre deux ou trois en Italie.

Un autre type de sujet " faible " avec lequel les juges viennent en contact est représenté par les victimes des crimes. Il s'agit ici d'un thème très délicat en ce qui concerne notamment certaines catégories de délits, tels que, par exemple, les violences sexuelles. La victimologie est devenue désormais une matière d'étude à part, sur laquelle on nombre déjà des instruments internationaux tels qu'une déclaration de l'ONU (1985) et deux recommandations du Conseil de l'Europe (1985 et 1987).

D'ailleurs l'irruption des victimes dans les sociétés contemporaines a des racines profondes. Le traumatisme de la Shoah et ses conséquences à long terme s'exprime à travers les grands procès " historiques " que sont Barbie, Touvier, Papon en France, Kappler et Priebke en Italie. Aujourd'hui, on constate partout dans le monde une croissance exponentielle de la demande de justice à travers les phénomènes de repentance et réconciliation où se mêlent inextricablement les enjeux politiques et les histoires individuelles douloureuses. Il suffit de songer aux commissions de réconciliation en Afrique du sud, aux procès faits à Pinochet un peu partout en Europe, au mouvement de mondialisation du droit et au projet de cour criminelle internationale. Comment comprendre ce phénomène ? Jusqu'à quel point la justice peut-elle répondre à une demande de réparation potentiellement sans limite ? Que recherchent les victimes : une stigmatisation vindicative ? la réparation d'un traumatisme ? une démarche plus collective de réconciliation ? Les sessions consacrées à ce sujet par l'Ecole française et par le C.S.M. italien veulent tenter de répondre à ces interrogations inédites pour la justice.

Dans ce cadre général d'attention aux sujets " faibles " de la société s'incrivent enfin d'autres formations proposé par l'Ecole française, telles que les suivantes.

 
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 (44) Voici les titres des formations proposé par l'ENM (dans le cadre de l'activité de formation continue pour l'année 1999), dans les domaines de la famille et des mineurs :

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